hadopi logoHadopi n’est pas encore en place, et ne le sera
pas avant un moment, et ses conséquences sont pour l’instant encore inconnues. Et pourtant, certains espèrent (depuis longtemps en fait) instaurer une taxe envers tous les abonnés Internet. Sans contrepartie aucune. En somme, une sorte de licence globale imposée à tous les abonnés, mais sans autorisation de téléchargement en échange.

Si cette folie, récemment relancée par la SACEM et l’ADAMI (qui gèrent les perceptions des artistes), a vivement été critiquée par le SNEP (représentant les majors), il n’empêche que les choix du secteur, qu’ils viennent des artistes ou des labels, ont assez souvent l’effet inverse de celui recherché. Depuis près 10 ans, les exemples sont légion.

Tout a commencé en 2001, où Napster, deux ans après sa création, dut fermer ses portes sous ordre de la justice américaine. Or Napster, de par son fonctionnement, n’était pas spécialement dangereux pour l’industrie. Le problème, en tuant puis en légalisant Napster, c’est le réveil des développeurs et des adeptes du P2P. Grâce ou à cause de la mort de Napster, Kaaza puis eMule (eDonkey), les logiciels Bittorrent sont nés (ou ont percé). Leur côté plus simple et plus abordable, ont permis de démocratiser une pratique qui n’était alors qu’utilisée par une minorité (importante certes) d’internautes. En somme, en voulant tuer l’échange illégal, les majors l’ont en fait multiplié…

Cette situation des plus ridicules n’a cependant pas été unique, malheureusement… Les DRM sont un autre excellent exemple. En voulant bien faire (se protéger) les maisons de disque se sont en fait tirées une balle dans le pied. Et là encore, plusieurs années ont dû passer pour que cette situation ubuesque change : et encore… la loi DADVSI  de 2006 qui a protégé juridiquement les fameuses MTP (ou mesures techniques de protection) n’a pas été abrogée. Et ne parlons pas de l’encodage très faible des morceaux (MP3 à 128 kbps il y a quelques années), qui a heureusement évolué en 256 voire 320 kbps (ou mieux sur des sites comme Qobuz) il y a peu.

Bientôt, Hadopi sera en place. Pour Pascal Nègre, le patron d’Universal, cela devrait permettre une explosion des ventes numériques par quatre. Pourtant, comme la plupart des choix des maisons de disque cette dernière décennie, on pourrait aussi imaginer les conséquences négatives d’une telle loi. Hormis la paranoïa qui pourrait pousser certains à couper leur Wi-Fi, nous pourrions aller plus loin.

Imaginons que Hadopi fonctionne sur le grand public (pas les spécialistes) et provoque la peur du téléchargement illégal, peu importe les moyens (P2P, IRC, newsgroups, sites de téléchargements, FTP, etc.). Quel consommateur va raisonnablement sortir sa carte bleue lorsque l’industrie lui colle un pistolet sur la tempe ? Et si la première conséquence directe n’était pas une hausse des ventes, mais un désintéressement des gens pour la musique, ou en tout cas son achat ?

Pour les majors, cette situation est impossible, la musique est partout : TV, radio, Internet, magasins, discothèques, restaurants, et même parfois la rue. Les gens sont dépendants et ne peuvent s’en passer, estiment les labels. Tout faire pour bloquer le téléchargement illégal ne peut donc avoir que des conséquences positives sur la consommation de musique…

Pourtant, toujours en imaginant qu’Hadopi arrive à réduire le téléchargement illégal de façon importante, tous réseaux confondus, deux types de population pourraient ressortir : celle qui consommera de la musique gratuitement mais légalement (via les radios, les sites de streaming, etc.) et ceux qui ne consommeront pas du tout de musique, ceux qui s’en désintéresseront car trop occupés par leurs autres loisirs (jeux vidéo, cinéma, etc.).

Si cette dernière population passe du téléchargement illégal à une consommation nulle, ce sera une catastrophe pour l’industrie musicale. En effet, nombreux sont les adeptes du téléchargement illégal qui achètent énormément de places de concert ou d’autres types de consommation de musique. Mais s’il n’y a plus de téléchargement illégal, le risque pour les majors n’est-il pas réel ? Ce scénario est-il si impossible ?

Bien sûr, le plus probable des scénarios reste un passage massif au crypté ou au téléchargement illégal via d’autres moyens que le P2P (qui sont multiples et souvent loin d’être complexes). Quoi qu’il en soit, les scénarios négatifs pour le marché de la musique sont nombreux. et prévisibles. Le seul scénario positif (une hausse des ventes) pourrait ne pas avoir de rapport avec Hadopi, mais tout simplement reposer sur une offre plus intéressante, de type Qobuz (haute qualité sans DRM), mais plus vaste et moins onéreuse.

Réponse dans moins d’un an ?

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