Un mini-scandale à la Montcuq!
Forte de tout son cynisme, l’histoire de Stephen Colbert aura finalement rejoint celle de Montcuq. Si les internautes européens avaient déjà réussi à poser de sérieux problèmes de démocratie participative à l’éditeur de jeux Hasbro, leurs homologues américains ont fait encore plus gros : mettre à mal la NASA elle-même !
Tout commence au début du mois de mars dernier, lorsque la NASA lança sur son site un grand vote pour désigner le nom de la prochaine portion de la Station Spatiale Internationale, le compartiment « Node-3 ». L’humoriste Stephen Colbert, qui caricature quotidiennement le rôle d’un journaliste ultra-conservateur sur la chaîne Comedy Central, avait appelé ses fans à voter pour son propre nom sur le site de la NASA.
C’est que Stephen Colbert ne fait pas les choses à moitié, son rôle de républicain et ultranationaliste, il le joue et le surjoue à merveille. Et lorsqu’il appelle au vote de son propre nom, ce n’est qu’une partie de son égocentrisme caricaturé que l’on perçoit. Le trublion pose son effigie sur tout ce qui s’affiche, il a déjà réussi à faire créer une bande dessinée Marvel Comics relatant ses aventures de superhéros (un exemplaire unique heureusement), et même, plus récemment, à faire envoyer son ADN dans l’espace !
Détournement de vote
Le vote de la NASA fut totalement submergé par les fans de Colbert. 240 000 voix pour la proposition Colbert, soit 40 000 voix de plus que la seconde proposition la plus populaire : Serenity. Mais voilà, ce détournement de vote semble avoir posé un sérieux problème à la NASA, qui a unilatéralement décidé d’éliminer la proposition Colbert avant de faire voter le nom Serenity à 70 % dans un « vote final », organisé à la va-vite.
Il faut dire que Stephen Colbert, n’est pas apprécié de tous. Il fut publiquement soupçonné par un journaliste ultraconservateur de Fox News (Bill O’Reilly) d’avoir délibérément choisi un nom à consonance française afin de corser la provocation, et son humour de New-Yorkais cynique prend souvent pour cible l’Amérique profonde.
Et l’histoire ne s’arrête donc pas là ! Puisque Colbert insiste. Il exige dans son émission quotidienne que la NASA respecte le vote des internautes, et il reçoit même du soutien en très haut lieu. Le sénateur américain Chaka Fattah a publiquement affirmé que la NASA devait « respecter la démocratie en orbite », et plus récemment, un autre sénateur explique qu’un acte officiel du Congrès américain pourrait forcer la NASA à revenir sur sa décision, pour baptiser enfin son compartiment Node-3 au nom de Colbert.
Réflexion faite dans cette véritable guerre des étoiles, la sénatrice américaine Gabriela Giffords se résigne avec un cynisme très à propos, respectant « la volonté de Colbert que le compartiment utilisé pour recycler l’urine soit baptisé en son nom ». Certes, ce Node-3 est consacré au retraitement de l’air et des eaux usées, mais tout porte à croire que la NASA lui apposera finalement un nom… bien français !
Entrées (flux RSS)