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La France devrait filtrer le réseau des réseaux pour bloquer l’accès aux sites pédophiles. Les FAI sont invités à bloquer certains sites et à empêcher les utilisations frauduleuses d’Internet.

Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, a annoncé hier que les FAI et le ministère avaient trouvé un accord pour bloquer l’accès aux sites pédophiles depuis la France. Un système de filtrage devrait être instauré par les FAI, l’Etat ayant un rôle de veille en vue d’alimenter la liste des sites interdits d’accès.

Bien que la protection des mineurs et la lutte contre la pédopornographie soient d’une importance capitale, on peut se demander si l’instauration d’un tel système est justifiée. Les logiciels de contrôle parental permettent déjà de filtrer les flux d’un poste, il en est également de la responsabilité des parents de surveiller l’activité de leurs enfants sur Internet. Une étude annonce que 36 % des enfants de 11 à 17 ans ont déjà vu des images choquantes sur la toile. Voilà une donnée qui mérite une attention particulière. Une image d’attentat sur un site d’information rentre-t-elle dans le cadre d’image choquante pour les mineurs ? Ou parle-t-on d’images qui auraient pu être filtrées grâce à l’installation d’un logiciel de contrôle parental ? Il faudrait distinguer une image choquante d’une image à caractère illégal afin d’éviter de semer le trouble sur ces sujets sensibles.

Mais si la défense des mineurs est le point de départ de cette loi d’orientation et de programmation de sécurité intérieure (LOPSI), on peut imaginer que le filtrage s’étende à tout ce qui est considéré comme cybercriminel. L’incitation au terrorisme, à la haine raciale sont d’ores et déjà sur les listes des prochaines avancées du filtrage. Mais qu’en est-il du piratage par exemple ?

La charte « Confiance en Ligne », qui fait partie du projet de loi, met en place plusieurs mesures visant à offrir le maximum de sécurité pour l’utilisateur. Concrètement, les FAI devront fournir des équipements configurés pour atteindre un niveau de sécurité optimal. De plus, les fournisseurs d’accès pourront intervenir directement sur le matériel des utilisateurs « mettant en jeu la sécurité du réseau ». Ils pourront ainsi restreindre ou suspendre l’accès à Internet, voire bloquer certains ports. Si nous glissons sur cette pente savonneuse, on peut tout à fait imaginer que les protocoles de peer-to-peer soient bloqués sous prétexte qu’on peut y trouver du contenu illégal. Vu la timidité de l’avancée de la loi Hadopi, le ministère de l’Intérieur prend le relais au nom de la sécurité des personnes.

Michèle Alliot Marie

Ces mesures sont suffisamment floues au niveau de leurs champs d’application pour que l’Etat puisse étendre le filtrage et le bloquage à tout élément menaçant la sécurité du réseau et des internautes. Michèle Alliot-Marie se transformera-t-elle en Big Mother ?

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