Le NRA (Noeud de Raccordement d’Abonnés) est un local technique sécurisé dont on entend souvent parler mais qui reste à la fois mystérieux et méconnu. Ariase a eu le privilège de pénétrer au coeur d’un répartiteur (central téléphonique) et vous détaille le fonctionnement du réseau qui relie les abonnés ADSL à leurs opérateurs. Une occasion de mieux comprendre la complexité technique qui se cache derrière les offres commerciales des FAI.

Le NRA au coeur du réseau ADSL

NRA

Les NRA sont les centraux téléphoniques de l’opérateur historique France Télécom dans lesquels aboutissent les lignes téléphoniques des abonnés, quel que soit leur fournisseur d’accès ADSL. Aujourd’hui, on dénombre près de 13000 NRA répartis sur tout le territoire. Autrefois uniquement dédiés au réseau téléphonique commuté (RTC), les NRA (ou centraux téléphoniques) sont aujourd’hui essentiels pour les millions d’internautes abonnés à l’ADSL.

Le répartiteur est un élément important du NRA puisque c’est ici que va se faire le premier tri entre les lignes des abonnés. Les paires de cuivre sont effet triées pour être ensuite relayées vers les DSLAM respectifs des fournisseurs d’accès correspondant à chaque ligne.

La paire de cuivre

Les technologies xDSL, comme l’ADSL ou le ReADSL, reposent toutes sur l’utilisation de la paire de cuivre utilisée pour le téléphone. C’est sur ce fil de cuivre, qui court de votre prise murale jusqu’aux installations de France Télécom, que sont transportés les signaux de voix (téléphonie) et les signaux numériques IP (Internet).

Votre ligne est ainsi reliée de chez vous jusqu’à une armoire de rue, puis à un sous-répartiteur qui regroupe plusieurs lignes d’un même quartier par exemple. Elle repart ensuite jusqu’au répartiteur France Télécom où sont connectées toutes les paires de cuivre de la zone. Cette portion de réseau est plus communément appelée « boucle locale ».

Le DSLAM

DSLAM ADSL

Le NRA se compose lui-même de plusieurs parties. On trouve d’un côté le répartiteur France Télécom, et de l’autre, une salle de dégroupage où sont réunis tous les DSLAM des fournisseurs d’accès alternatifs.

Qu’est-ce qu’un DSLAM ? Cette abréviation pour Digital Subscriber Line Access Multiplexer cache en réalité un équipement appartenant faisant la liaison entre les lignes des abonnés et le réseau de l’opérateur auquel il appartient (l’opérateur historique France Télécom ou à un opérateur alternatif).

Le DSLAM est donc le premier équipement ADSL géré par un autre FAI que France Télécom (dans le cas du dégroupage), et sur lequel les opérateurs gèrent le trafic Voix et le trafic Data (données IP). Le DSLAM est également la dernière étape pour la paire de cuivre. Une fois concentrées dans les DSLAM, les données sont réparties par type (voix, internet, tv) puis expédiées sur le réseau de fibre optique du fournisseur pour être acheminées vers ses propres infrastructures.

Chaque FAI a une relation privilégiée avec un ou plusieurs fabriquants de DSLAM. France Télécom travaille plutôt avec ECI et Alcatel-Lucent, alors que SFR utilise des DSLAM Huawei et qu’Alice fait confiance à UT-StarCom.

La salle de dégroupage

La salle de dégroupage est un local réservé aux opérateurs alternatifs dans lequel on retrouve tous les DSLAM de chaque opérateur. C’est ici que les techniciens raccordent vos lignes de cuivre au réseau de fibre optique de votre opérateur. Au coeur de cette salle sécurisée, on retrouve des armoires électriques, des batteries de secours, des jarretières reliant les lignes aux DSLAM, et enfin des câbles de fibre optique qui connectent les DSLAM aux différents réseaux mis en place par Neuf Cegetel, Free, Alice, Club Internet ou encore Completel.

répartiteur ADSL

Les salles de dégroupage sont en général de petite dimension et compte-tenu de la densité des matériels électriques, la température ambiante avoisine les 30°. C’est plutôt dans une ambiance chaleureuse que les techniciens « concurrents » travaillent parfois dans une même salle de dégroupage ! La guerre de l’ADSL et du dégroupage s’arrête donc à l’entrée des salles de dégroupage où chaque équipe s’occupe consciencieusement de ses paires de cuivre respectives.

A noter que France Télécom est légalement obligé de mettre à la disposition des opérateurs une salle de dégroupage par NRA dégroupé. C’est parfois une cause de tension car la taille de certains NRA ne permet pas toujours facilement l’installation d’une salle de dégroupage à proximité. Par ailleurs, toutes les relations entre l’opérateur historique et les FAI alternatifs sont strictement codifiées noir sur blanc sur des contrats dûment vérifiés par l’Autorité de Régulation des Télécoms (ARCEP).

Chaque prestation est contractualisée (et facturée) pour définir clairement les responsabilités de chaque partie. Pour un opérateur alternatif, il faut par exemple envisager un budget annuel supérieur au million d’euros rien que pour les badges d’accès aux salles de dégroupage sur l’ensemble du territoire. On comprend que certains opérateurs, dans ces conditions, se plaignent de problèmes récurrents d’accès aux salles en raison de badges défectueux !

Les accès aux NRA et salles de dégroupage sont strictement règlementés. Les noeuds de raccordement sont bien souvent situées dans les sous-sols de locaux France Télécom ou bien à proximité immédiate. Bref, si après avoir effectué un test ADSL, vous constatez que votre ligne est longue de 300 mètres… vous devez certainement habiter à proximité d’un bâtiment France Télécom abritant un central téléphonique !

Le NRA Zone d’ombre est une solution technique filaire sur la boucle locale cuivre consistant à créer un nouveau noeud de raccordement d’abonnés (NRA) couvrant intégralement ou partiellement une zone d’ombre. L’objectif du NRA-ZO est donc de rendre éligible des lignes téléphoniques sur lesquelles l’ADSL n’était pas disponible (affaiblissement supérieur à 78dB).

La solution NRA Zone Ombre est officiellement disponible dans l’offre de référence d’accès à la boucle locale de France Télécom depuis le 11/06/2007. Le NRA-ZO vient ainsi enrichir la gamme de solutions techniques envisageables pour les collectivités locales qui souhaitent réduire la fracture numérique sur leur territoire.

Comment fonctionne un NRA-ZO ?

Techniquement, un NRA ZO n’est ni plus ni moins qu’un NRA. Le principe est donc d’installer un DSLAM à proximité immédiate d’un sous-répartiteur (SRA). France Télécom transforme ainsi un équipement à l’origine destiné uniquement à la téléphonie analogique en un « mini central » capable de fournir également l’internet haut débit via l’ADSL.

Concrètement, un mutliplexeur ADSL (DSLAM) est relié à une armoire de rue sur laquelle sont connectées les lignes téléphoniques trop éloignées du noeud de raccordement d’origine. En rapprochant le DSLAM du modem des abonnés, l’affaiblissement du signal ADSL est considérablement diminué.

NRA ZO

Au final, une ligne située à 6 kilomètres du central téléphonique principal (inéligible avec 80dB ) est transférée sur le nouveau NRA-ZO situé à moins de deux kilomètres (souvent moins !). Du coup, son atténuation est divisée par 5 ou par 10 et permet une connexion ADSL performante (entre 2 et 8Mbits en moyenne).

Le NRA-ZO : une solution doublement avantageuse

En plus de fournir de l’ADSL aux internautes jusqu’ici inéligibles, l’installation d’un NRA-Zone d’Ombre augmente aussi les débits des autres lignes téléphoniques déjà éligibles. Des connexions « en bout de ligne », jusqu’ici dépendantes de la technologie ReADSL, gagnent en vitesse et ne sont plus limitées à la vitesse de 512Kbits.

Une fois que le NRA-ZO est relié au SRA, tous les opérateurs sont en mesure de proposer leurs services aux clients. En clair, les fournisseurs d’accès alternatifs ont la possibilité de proposer leurs offres ADSL en zone non-dégroupées via le DSLAM de France Télécom, ou bien d’installer directement leurs propres équipements. Théoriquement, Free, SFR et Bouygues peuvent donc dégrouper les NRA ZO mais la faible rentabilité de ces zones est visiblement un frein pour les opérateurs alternatifs.

Coût et mise en oeuvre du NRA ZO

En tant qu’opérateur historique, France Télécom est le propiriétaire de la boucle locale cuivre. Il est donc le seul responsable de la mise en oeuvre du réseau téléphonique (et ADSL) entre les prises téléphoniques des abonnés et les noeuds de raccordement. A ce titre, il est également le seul à avoir le droit d’intervenir sur cette partie du réseau. Par conséquent, France Télécom est le partenaire incontournable des collectivités locales qui souhaitent implanter des NRA Zone d’Ombre.

La solution NRA ZO n’est pas forcément applicable dans toutes les communes victimes des zones blanches. Des critères strictes de faisabilité sont déterminés par France Télécom. Une zone est éligible à l’offre NRA-ZO si :

  • chacun des sous-répartiteurs de cette zone dispose en moyenne de 40 lignes inéligibles à l’ADSL
  • aucun sous-répartiteur ne dispose de moins de 10 lignes inéligibles dans les communes rurales (20 lignes dans les autres zones)

Le coût d’un NRA Zone d’Ombre est difficile à évaluer. En effet, nombre de paramètres peuvent influencer l’investissement et faire en sorte que deux NRA ZO implantés dans deux communes différentes ne couteront pas le même tarif. De manière générale, on évoque un coût moyen de 150 000€ l’unité. Le prix peut monter si des travaux de génie civil (tranchées de fourreaux, enfouissement…) sont requis.

De même, le coût varie en fonction de la nature du lien de collecte entre le NRA ZO et le réseau régional de télécommunications. Si le lien de collecte est en fibre optique, le NRA ZO est plus cher mais les débits sont meilleurs. A l’inverse, si le réseau est uniquement en cuivre (et non pas en EFM – Ethernet on the First Miles), le coût du NRA ZO sera moins élevé, tout comme la vitesse des connexions (généralement bridée à 2Mbits/seconde).

Exemples de mise en oeuvre des NRA-ZO

:Source:

2 réponses à “Le NRA au coeur des réseaux ADSL : qu’est-ce qu’un un central téléphonique, un DSLAM ou un NRA-ZO ?”
  1. SQUIRR dit :

    A vous lire, vous devez être très proche de FT.
    Vous oubliez de dire que le coût d’un NRA-ZO pour la commune est d’envriron 150 000 €!!! pour le seul bénéfice de France Telecom qui ensuite peut effectivement l’ouvrir aux opérateurs alternatifs mais à des prix tels que … personne ne vient et que les gens n’ont le choix qu’entre orange et .. orange!
    Vous oubliez de dire que si l’abonné est situé loin du SR dégroupé, son problème reste entier : le bas débit (sachant que le haut débit théorique de FT est toujours 512 ko) ou rien
    Enfin , vous oubliez de dire que, sous la pression de l’europe, l’ARCEP a dû ouvrir le débat sur le dégroupage des SR mais que FT a d’abord demandé à réléchir, puis a exigé la création d’un comité d’experts (Ft ayant eu un droit de regard sur les membres à qui il a fait signé une clause de secret défense). Depuis, Ft a accepté semble-t-il des expérimentations qui feront l’objet ensuite d’expertise … Pendant ce temps-là, FT fait son beurre avec la vente des NRA ZO.
    Il y a d’autres solutions pour les zones blanches que les ROIP développent (HTA, WiMax, etc).
    Oserez-vous publier ces précisions ?
    merci !

    • Joris dit :

      Pour répondre à votre question, non je ne suis pas proche de FT lol
      En reprenant cet article je me moque de savoir qui va s’engraissé avec les NRA-ZO, ce que je vois c’est simplement les utilisateurs finaux dans mon cas.
      C’est à dire assez loin du DSLAM avec un faible débit ADSL… Habitant dans une zone non-dense, une zone qui n’est pas prête de voir arriver la fibre.
      Que nous reste t-il ? Effectivement comme vous dites le (HTA, WiMax, etc.) mais personnellement à choisir ma préférence irais pour une connexion par câble (Paire de cuivre) à défaut de fibre. Mais la question reste pertinente, comment réduire la distance entre mon domicile et le DSLAM? Fibré les sous-répartiteurs! Après si c’est Orange qui me propose un débit conséquent, je n’ai aucun problème avec ça, je changerais de FAI. »Théoriquement, Free, SFR et Bouygues peuvent donc dégrouper les NRA ZO mais la faible rentabilité de ces zones est visiblement un frein pour les opérateurs alternatifs. »
      Vous voyez j’ai publié votre commentaire, nous n’avons pas la même vision des choses c’est tout.
      Cordialement

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