p2p_trafic.jpgDes heures de débat, des successions de coups de théâtre et des empoignades en série pour une loi qui ne tient pas en compte des dernières évolutions d’internet. C’est le brillant bilan de la loi Hadopi, censée éradiquer le piratage en s’attaquant au « peer-to-peer » grâce à la riposte graduée.

Or, ce mode d’échange de fichiers est en chute libre, selon un rapport d’Arbor Networks dont Wired et InformationWeek publient les principales conclusions en avant-première. Ce spécialiste de la gestion des réseaux, qui compte plusieurs des plus grands fournisseurs d’accès à internet dans le monde parmi ses clients, a scruté 264 milliards de giga-octects de données échangées auprès de 110 opérateurs.

Surprise : « globalement, le P2P décline et il décline rapidement », dit Craig Labovitz, chercheur chez Arbor Networks. Cette conclusion, qui s’observe en scrutant les ports dédiés aux protocoles d’échange en P2P, est corroborée par l’analyse des paquets échangés, précise Wired (les logiciels peuvent avoir tendance à se cacher). Ainsi, en deux ans, la proportion du P2P serait tombée de 40 à 18% du trafic des fournisseurs d’accès à internet.

Dans le même temps, Arbor Networks a observé que la proportion du trafic web, celle qui passe dans le navigateur internet, a progressé de dix points pour repasser au-dessus des 50%. Au début de l’année, une autre étude était parvenue aux mêmes conclusions. Si l’ampleur des chiffres peut toujours faire débat, une tendance se dessine clairement. Cela signifie-t-il pour autant que le piratage est en baisse ? Rien ne le dit.

Les sites de streaming en forme
Ce bilan peut en effet être rapproché de la percée des sites de streaming et de téléchargement direct, dont le trafic augmente. Cette catégorie regroupe des sites légaux, tels que Deezer en France pour la musique et Hulu pour les vidéos aux Etats-Unis. Mais aussi illégaux, au premier rang desquels le couple infernal Megaupload/Megavideo. Ce dernier, qui met à disposition des internautes un catalogue inépuisable de films et de séries, est ainsi devenu le troisième site de vidéo en France, derrière YouTube et Dailymotion.

Face à ces nouvelles pratiques, la machine Hadopi se trouve fort dépourvue. La loi a en effet été taillée pour dénicher les internautes sur les réseaux de peer-to-peer. Il est en revanche impossible d’intercepter les internautes sur les sites de streaming ou de téléchargement direct, sauf à vouloir traquer tout le trafic chez les FAI en amont, ce qui promet un nouveau débat parlementaire mouvementé. Ces plates-formes étant pour la plupart situées à l’étranger, il n’est pas question non plus de mettre en œuvre une riposte graduée massive.

Pour l’instant, les frappes se concentrent donc sur les sites français qui mettent à disposition des liens vers Megavideo et Megaupload, tels que le très populaire Wawa-Mania. Et frappent en priorité leurs propriétaires. Les internautes, qui échappent à toute détection, peuvent avoir un réel sentiment d’impunité. Le streaming est rapide, simple d’accès et laisse peu de trace. Il n’en est pas moins illégal lorsque les œuvres sont soumises au droit d’auteur (il existe un droit de représentation).

Seule satisfaction, le succès de ces services, plus faciles à copier que les services de peer-to-peer, peuvent préparer le terrain à des offres légales. Mais on attend toujours la sortie d’un Hulu à la française, diffusant gratuitement les séries sous-titrées juste après leur passage à la télévision américaine, moyennant des coupures publicitaires. Le débat initial était peut-être là.

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